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Le deuxiéme calife Seydina Mandione LAHI

(Il est, parmi les croyants, des hommes qui ont été sincères dans leur engagement envers Allah. Certains d'entre eux ont atteint leur fin, et d'autres attendent encore ; et ils n'ont varié aucunement (dans leur engagement)

 A la lumière de ces paroles sacrées tirées dulivre scellé, Allah (swt) psalmodie les qualités et les vertus des hommes de grande probité. Ces derniers ont contribué au rayonnement de l'histoire de l’Umma et façonné des générations modèles empreintes de qualités rarissimes qui illuminent ces temps sombres.
Au tréfonds de ces temps lugubres jaillit une lumière ; arborant un nom énigmatique « Shamsul Huda ». Il fut ce « soleil » : source de béatitude d’où s’abreuvait toute une nation à la quête d’une miséricorde personnifiée.

« Amar »
Le fils prodige.
Seydina Mandione Laye, grandit sous la coupole de son vénéré père qui lui donna affectueusement le pseudonyme "Amar". Mame Ndione est issu de nobles parents : sa mère, Mame Farmata DIOP fille de Makhtar Sina Diop et son père, Seydina Limamoulaye al- Mahdi, le fondateur de la communauté Layéne. C’est lui le Mahdi qui avait lancé son appel en 1883 pour un retour vers un culte exclusif à Allah.
Il a revivifié l’Islam, restauré les valeurs de la communauté noire et a apporté des enseignements dont l’assimilation sortira le monde de l'obscurité, de l'oppression et de l'injustice, vers la lumière, l'équité, et la stabilité. Cette contribution sera axée sur trois étapes de sa vie :
1. Sa vie sous l’oeil vigilant de son père.
2. Les temps forts aux côtés de son frère
Seydina Issa Rohou LAHI (1909-1949)
3. Son Califat (de 1949 à 1971)


I Sa vie sous l’oeil vigilant de son père. Al-Mahdi (De 1881- à 1909)
Seydina Mandione est né en 1881, juste avant l’Appel du Mahdi (PSL). Il eut le privilège de bénéficier les fruits des prédications primitives aux lumières intarissables tenues par son vénéré père. Il eut la chance de passer une bonne partie de sa jeunesse avec son grand frère et confident Seydina Issa Rouhou Lahi. Il a été ce grand homme dont le monde ne cesse de profiter des fruits issus de ses réformes multiformes dans divers secteurs de la vie.

Dans cet environnement béni et purifié par la lumière du « Tahlil » (laa ilaha ilala), invoqué matin et soir, Seydina Mandione avait aussi le privilège de cohabiter avec les premiers Sahabas venus  répondre très tôt à l’envoyé de Dieu (swt).
De cette cohabitation, il en a tiré une version authentique, soutenue et sublime de la religion d’Allah (swt) et de la tradition prophétique éclairée.
Seydina Limamou s’intéressait beaucoup à l’éducation. C’est ainsi qu’il était entouré d’éminents érudits qui avaient la noble mission de retranscrire ses sermons. Il exhortait les disciples à les enseigner à leurs enfants.
D’ailleurs il n’est point surprenant que ses enfants aient accordé un intérêt particulier à la science et à l’éducation.
Après avoir puisé sur les enseignements du Mahdi (PSL), une connaissance pure issue de la miséricorde incommensurable d’Allah (SWT), ils ont fait le tour des grands savants du pays pour approfondir leurs connaissances.
Ainsi, Seydina Mandione est allé à Saint Louis (extrême nord du Sénégal) où il a passé des années à la quête du savoir entre les mains des plus grands savants de l’époque. Ces différentes sources intarissables lui ont permis de devenir l’un des plus grands érudits qu’a connu notre pays.
De ses occupations terrestres, il avait un grand verger à Dang njam, (l’actuel Grand Yoff) où il travaillait pendant sa jeunesse pour vivre à la sueur de son front ; il ne comptait pas sur le prestige de sa vénérée famille pour demander des dons pieux (hadiya), mais exerçait un métier à l’instar de la plupart des grands hommes.
C’est la raison pour laquelle, il a éduqué ses enfants au culte du travail. Ainsi, son fils Seydina Issa, le troisième Calife était un pêcheurnavigateur, et son frère Mame Alassane Laye, le quatrième Calife était un maçon ; chacun d’eux vivait à la sueur de son front.
Seydina Mandione a passé la première phase de sa vie au service de son vénéré père ; 27 années consacrées à côté du Mahdi pour soutenir l’Appel destiné à la revivification de la religion et la restauration des valeurs cardinales.
Par ailleurs, Il a acquis, depuis sa naissance, une place considérable auprès de son père. Ainsi, ce dernier avait demandé aux disciples de l’amener lors de son exil à Malika pendant la période des épreuves alors qu’il était un nourrisson.

C’est lui, Seydina Mandione qui était au côté de son père dans les dernières années de sa vie quand son grand frère Seydina Issa était à Ngakham.
Doté d’une prestance physique et d’une autorité naturelle, il avait les qualités d’un chef charismatique qui lui permirent de supporter la grande responsabilité qui l'attendait.
En 1909, le Saint Maître regagna sa dernière demeure. Son rappel à Dieu fût un événement malheureux mettant ainsi les grands adeptes dans une grande confusion.
Certains Sahabas voulaient l'inhumer en l'absence de son fils, Seydina Issa Rouhou Laye. Seydina Mandione leur dressa un refus énergique et prit la décision qui sied. Malgré son jeune âge (27 ans) et son indulgence, malgré la proposition que certains adeptes lui ont faite pour qu’il succède à son père, sa posture n’a pas varié. Mieux il brandit son sabre et martela « nul ne va enterrer mon père sans la présence de
Issa ». Par ce geste mature, il préserva la communauté de troubles qui pouvaient avoir des conséquences désastreuses. Seydina Mandione attendit le retour de Seydina Issa qui dirigea la prière mortuaire, puis succéda au Mahdi (PSL) dans la mission qui était la sienne comme l’avait prédit Seydina Limamou Al-mahdi alors qu’il était âgé de neuf à dix ans.
Seydina Mandione fut le premier à exécuter l’acte d’allégeance envers Seydina Issa avant que tout le monde le suive.

 

II Les temps forts à côtés de son frère Seydina Issa Rohou LAHI (1909 à1949)
Seydina Mandione a passé 40 ans avec Seydina Issa, période pendant laquelle il fut le bras droit et le plus grand serviteur de son frère, avec un désintéressement total. Il était le soldat inconnu qui travaillait dur jour et nuit au service de ce dernier.
Il l’accompagnait dans la plupart de ses voyages, le soutenait dans la propagation de l’Appel et dans la mise en oeuvre des réformes qu’il menait au sein de la communauté Layéne. En ces termes il a si bien incarné les paroles de l'Imam Mahdi, " Etre disponible à l’égard des chefs religieux, c’est les aimer, suivre leurs conseils, les aider dans les activités qui concernent la religion, et conseiller aux hommes d’adopter la même attitude à leur égard ». Par ailleurs, Seydina Mandione incarnait les valeurs sublimes de piété, dévotion, patience et de
détermination. Imam Mouhamadou Sakhir Gaye (1925-2001) disait à son propos, dans son poème « condamnation des négligences au sujet deSeydina Mandione » « Il est un modèle, un rénovateur et un patient Comme la terre dans l’endurance des préjudices Il est honnête dans ses actes et paroles  Un homme parfait, fervent prescripteur …. » Seydina Mandione a vécu comme un soleil rayonnant et rendait un service délibéré à son  frère Seydina Issa, en faisant fi des calomnies et médisances : son seul sacerdoce était la recherche de l’agrément d’Allah et de Son messager. Ce n’est pas étonnant si l’Imam Mouhamadou Sakhir (1925-2001) l’a décrit comme «le parfait», car, il renfermait les qualités humaines idéales en matière de moralité , de perspicacité de l'esprit , d’attitude exceptionnel et de courage infaillible.
En 1949 l’histoire s’est répétée, les disciples ont vécu un autre événement aussi douloureux que le précédent avec le rappel à Dieu, cette fois-ci de Seydina Issa le premier calife du Mahdi mettant ainsi, la communauté dans une confusion totale. Une fois encore Seydina Mandione calma les ardeurs, rappela les adeptes à Allah, puis dirigea la prière funéraire de Seydina Issa et l’enterra à son
mausolée à Cambérène.
Le temps était venu pour que le suiveur soit suivi, pour que le serviteur soit servi, ainsi, Seydina Mandione succéda à Seydina Issa à l’âge de 67 ans.


III Seydina Mandione le Calife (de 1949 à1971)
Seydina Mandione a accédé au califat dans des conditions difficiles ; il était en âge avancé, au moment où la communauté s’agrandissait.
L’héritage de Seydina Limamou et Seydina Issa devrait être protégé et l’unité conservée.
Evidemment, il fut la personne indiquée pour cette noble mission. Chose ne pouvait être surprenante s’il a pu obtenir l’unification de tous les adeptes malgré l'opposition farouche de certains et la levée d’agitations fréquentes.
Il a réussi à unir la famille du Mahdi avec l'aide de son vénéré frère, Mame Babacar Laye, qui a quitté sa maison pour vivre avec lui pendant six mois, pour l’aider à supporter la grande responsabilité qui était la sienne.
L'une de ses premières décisions était de faire de son neveu Seydina Abdoulaye Thiaw Laye, actuel calife, son bras droit et porte-parole alors que son fils Baye Seydi Thiaw qui était plus âgé que cedernierétait naturellement pressenti à une telle mission. Cet acte fait montre d’une sagesse fine et d’une intelligence rare au regard de l’importance qu’il accordait à intérêt général et la stabilité parfaite de la vie sociale religieuse. Dès le début de son califat, il s’est préoccupé de la sauvegarde de l’héritage de la communauté. C’est ainsi qu’il s’est intéressé au plus précieux legs de Seydina Limamou, ses sermons qui comportent  les solutions de sortie de crises pour le monde et les règles d’or. Il faut signaler que Seydina Limamou, lui-même, peu de temps avant son rappel à Dieu, avait demandé leur révision. Vu l’importance de ces sermons Seydina Mandione a demandé à Imam Mamadou Sakhir Gaye de les regrouper dans un livre et les publier. Ce qui nous vaut ces valeureux sermons dans le livre intitulé "Irshadu ibâd l-lâhi ilâ s-sawâb min khutab Seydina imâm Al-Lah."
En plus de ses réformes entamées, il a fait de l’éducation la clé de voute de son califat. Ainsi, il ajeté la base d’une construction de générations parfaites et d’une communauté éclairée. Il a ordonné l’ouverture d'une école arabe à Cambéréne et l’a confiée à Oustaz Magoume Ker Diongue. Son frère Mame Babacar Laye avait ouvert dans la même période une autre école à Yoff. Tout comme Imam Mamadou Sakhir Gaye avait mis en place une école arabe à Yeumbeul, l’une des premières écoles arabes modernes du Sénégal. A son actif dans presque tous les villages layènes on lui doit des écoles arabo-islamiques destinées à la formation de milliers de savants, d’imams et de cadres supérieurs du pays.

Après l'école, Seydina Mandione accorda une attention toute particulière aux mosquées. Il ne cessait d’exhorter les disciples de manière générale et les enfants, en particulier, à réserver un culte exclusif à Allah.
Il ordonnait aux enfants d’aller prier dans les mosquées, et récompensait ceux parmi eux qui étaient assidus à la prière du fadjr (la prière de l’Aube). Ce qui concourait à motiver les enfants au culte et à l’adoration d’Allah dès le bas âge.
Seydina Mandione a façonné une génération exemplaire avec une maîtrise parfaite des principes de la religion. Le tout accompagné d’une
crainte révérentielle envers Allah avec comme soubassement une application sans discontinuité des recommandations divines.
Toutes les occasions qui lui étaient offertes servaient de lieu d’exhortations et d’injonctions aux fidèles à se réapproprier la sunna prophétique de son vénéré père. (PSL).
Il ne se lassa jamais de saisir toutes les opportunités, pour recommander le bien et interdire le mal aux motifs de sauvegarder l’orthodoxie proclamée par le Mahdi et sonsuccesseur (PSE).
Il répétait à toutes les occasions «Obéissez à Allah et à Son messager, et détournez-vous de l'âme charnelle et de la mondanité."

Il s’est intéressé à la l’organisation de la communauté et jamais perdu de vue la nécessité de jouer sa partition dans la construction du monde. C’est sous son califat que le « Groupement central des layennes» a été créé. Cet organe continue de jouer un rôle fondamental dans la gestion des affaires de la communauté sur tous les plans : administratif, social, économique et organisationnel contribuant fortement à l’épanouissement de la communauté.
Seydina Mandione a aussi joué un rôle important dans la restauration du mausolée de son père, «Diamalaye», avant que son fils Mame Alassane Laye, le quatrième Calife l’a réhabilité plus tard de sa propre entreprise.
Seydina Mandione a ainsi passé 22 ans au califat du Mahdi. Ce fut une période exceptionnelle dans l'histoire de la communauté Layéne.
Il a jeté les bases d’une vie religieuse exemplaire et d’une vie sociale rayonnante.
Hélas, chaque âme sans exception goûtera à l’heure de la vérité, la mort ; même les âmes les plus aimées d’Allah comme celles de Ses messagers, de Ses prophètes et de Ses bien-aimés (awliya).

En effet, la volonté divine a décidé le coucher de l’astre qui guidait vers le droit chemin « Shamsul Huda » le 27 Dhu al-Hijjah 1390 H correspondants au 23 Février 1971.
Son Fils Seydina Issa (homonyme de Seydina Issa Rohou lahi le premier calife) dirigea la prière funéraire et porta le corps béni de « Amar » sous la terre sainte de Diamalaye. Qu’Allah nous accorde sa bénédiction.
Leçons tirées
Nous devons, dans le contexte de turbulences et d’incertitudes, puiser de la vie du vénéré Seydina Mandione des leçons importantes, parmi
lesquelles :
 Le sens du service : Seydina Mandione a servi son vénéré père plus de 20 ans pendant lesquels il ne s’occupait que de l’assister sur tous ses services, accomplir ses ordres, respecter ses interdits et l’accompagner dans la propagation de son appel. Puis il a servi son frère Seydina Issa pendant quarante ans pendant lesquels il l‘assister dans ses réformes. La valeur de l’homme dépend de sa capacité à servir les
autres, Le Messager d’Allah dit : « les gens les plus aimés par Allah sont ceux qui sont les plus utiles aux autres et les actions les plus aimées par Allah sont celles qui participent à donner de la joie à un musulman, soit en le soulageant d’une détresse, en remboursant une dette à sa place ou en soulageant sa faim. En fait, si je marche avec un frère pour quelque affaire qu’il a, cela m’est plus souhaitable que de faire une retraite spirituelle dans cette mosquée (celle de Médine). » Rapporté par At Tabarâni, et Al-Albâni dit qu’il est bon.


 L’altruisme et la soumission : il a sacrifié les intérêts individuels en faveur des intérêts collectifs de la nation, surtout au moment où les gens ne suivent que leurs désirs et leurs intérêts crypto-personnels. Chacun souhaite être son propre chef et ne se soumet qu’à ses intérêts au détriment de l’intérêt du groupe ;


 le sens de la responsabilité : Depuis son jeune âge Seydina Mandione avait commencé à assumer de grandes responsabilités, il a joué un rôle important dans la dissémination de l'Appel dans la vie du Mahdi.


 La nécessité de s’occuper l’éducation et de l’héritage du Mahdi : la protection de l’héritage du Mahdi qui porte en son sein les solutions efficaces aux crises profondes que le monde connait aujourd’hui est une grande responsabilité sur nos épaules que nous devons assumer, en le protégeant de la corruption, en le mettant en oeuvre et le l’exposant au monde entier. cela ne peut être réalisé qu'avec la priorisation de l’éducation afin de préparer la nouvelle génération à mieux comprendre ce patrimoine, mieux l’exploiter et mieux le présenter aux autres. Ce sont là quelques-unes des précieuses leçons dont le monde d’aujourd'hui a désespérément besoin pour redorer son lustre d’antan, et faire régner une vie exemplaire stable basée sur les valeurs cardinales d’équité et de justice■


Ibrahima SAMBE

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